Les régimes paritaires, gérés par accord interprofessionnel entre syndicats et patronat, sont donc en difficulté financière. Ne rien faire, c’est se retrouver sans réserves en 2016 à l’AGIRC, en 2019 à l’ARRCO. Ce qui imposerait soit une baisse drastique des pensions versées, soit la fin des retraites complémentaires, deux schémas inacceptables. Ne rien faire, c’est ouvrir en grand la porte à une réforme globale ou systémique des retraites, ce à quoi nous somme opposés.

Dans ce contexte, tout le monde comprend que la négociation a été difficile.

Le patronat demandait un gel sur 3 ans des pensions et un relèvement du taux d’appel (une augmentation de la cotisation n’ouvrant aucun droit aux retraités futurs).

Par principe, il refusait toute augmentation du taux dit contractuel, celui qui ouvre des droits. Lors de la dernière négociation en 2011 nous n’avions pas réussi à obtenir une augmentation, même modeste des cotisations, ce qui a aggravé, au passage, la situation financière des régimes.

Au final, nous finissons par obtenir sur 3 ans :

- Une augmentation de la cotisation contractuelle (+ 0,1 point en 2014, puis + 0,1 point en 2015), répartie 60/40 entre employeurs et salariés, ces augmentations étant pérennes
- Pas d’augmentation du taux d’appel
- Un maintien du rendement (ce à quoi donnent droit les cotisations)

- La garantie de l’AGFF jusqu’en 2018

- Une mensualisation du versement des entreprises, générant des recettes pour les régimes.


Reste l’évolution des retraites. Nous avons accepté une revalorisation temporaire un peu moins forte par rapport à l’inflation. Ce n’est pas la première fois. Dans les années 94 à 97 ce fut déjà le cas, y compris à l’époque avec deux années de gel pour l’AGIRC.

D’aucuns en tirent pour conséquence que le gouvernement pourrait s’en inspirer pour les retraites de base (ce qu’il n’avait d’ailleurs pas fait dans les années 90). Nous ne sommes pas d’accord, tout simplement parce que les plus petites retraites sont dans le régime de base (retraite maximale de 1 400 € mensuels), les retraites complémentaires, comme le nom l’indique, viennent en complément !

Ce qui peut valoir pour elles temporairement, ne le vaut donc pas pour les retraites de base.

S’agissant des retraites complémentaires, contrairement à ce qu’on lit ou entend ici et là, il n’y a ni baisse des pensions, ni gel. Concrètement en 2013 :

- Pour la plus petite retraite ARRCO, il y aura une revalorisation mensuelle inférieure à 42 centimes à ce qui aurait pu être fait ;
- Pour une retraite moyenne ARRCO, la différence sera de 1,82 € ;

- Pour une retraite AGIRC moyenne, l’écart sera de 3,82 €. (Cf. tableau ci-dessous).





Attachée au paritarisme – rempart contre l’étatisation et la privatisation -, attachée aux régimes par répartition, opposée à toute réforme dite systémique qui s’apparente à une implosion des régimes des retraites et pensions, FORCE OUVRIERE prend en toute liberté de comportement ses responsabilités, comme elle l’a toujours fait pour assurer l’objectif de pérennité des retraites complémentaires.

D’une manière plus générale, il est clair que si en France comme en Europe nous ne sortons pas de la logique d’austérité, ce sont les services publics, les régimes sociaux, l’emploi qui seront de plus en plus menacés.

C’est ce que nous avons rappelé au rassemblement syndical à Bruxelles le 14 mars. L’austérité est suicidaire socialement, économiquement et démocratiquement.

Jean-Claude MAILLY
Secrétaire Général


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