Au cours de son allocution Mme Borne a seriné que l’objectif était de préserver et garantir l’avenir du système par répartition, qui serait menacé par un « déséquilibre entre les cotisations des actifs et les pensions des retraités ».

Pour étayer ses propos, elle a également plusieurs fois mentionné le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR). Selon elle, ce dernier tirerait la sonnette d’alarme et ses conclusions rendraient la réforme inéluctable, notamment en raison d’un déficit à l’horizon 2027.

Or, le rapport du COR 2022 n’est pas si pessimiste. Il affirme même qu’à l’heure actuelle, le système de retraites est excédentaire de plus de 3 milliards d’euros. Il précise qu’un déficit de l’ordre de 12 milliards d’euros est effectivement à prévoir en 2027, mais que celui-ci tendrait à se résorber naturellement d’ici 2070, sans besoin de réforme. Ce chiffre de 12 milliards n’est pas excessif. Il représente 3,47% des 346 milliards d’euros de dépenses de retraites enregistrées en 2021, soit 0,48% du PIB de la France en 2021.

Le COR pointe également l’enjeu de la démographie. Le rapport cotisants/retraités enregistre une très nette baisse depuis quelques décennies. De 4 cotisants pour 1 retraité dans les années 60, ce ratio est passé à 1,7 pour 1 aujourd’hui.

Mais c’est sans compter sur l’apport de la productivité du travail. En 2023, un travailleur français produit en effet près de quatre fois plus de richesses que dans les années 60. Ce qui compense économiquement le vieillissement démographique.

Il est donc clair que cette réforme ne revêt aucun caractère d’urgence. Elle relève d’une posture purement idéologique qui vise expressément le retour du déficit public sous le seuil des 3% de PIB d’ici 2027.

En commentaire, le COR va jusqu’à affirmer que « les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite. »

À vouloir persister dans une réforme injuste et dont personne ne veut, le Gouvernement, avec cynisme, entend donc faire payer aux salariés le prix fort de la facture du « quoi qu’il en coûte ».