Ce n’est pas la première fois. Le 15 septembre 2008, le système financier mondial s’écroulait avec la crise des subprimes. En France, le soutien de l’État et l’accroissement des dépenses publiques ont permis à l’activité économique de ne pas chuter davantage. Aujourd’hui, face à la crise sanitaire, l’État est de retour. La dépense publique, les aides de l’État et le système de protection sociale collective assurent un rôle d’amortisseur social. Quant aux services publics, et particulièrement le service public de santé, ils se révèlent être l’épine dorsale de notre modèle social républicain. Malgré leur affaiblissement dû aux nombreuses réformes gouvernementales ces dernières années.

Pour autant, on peut craindre une régression sociale et politique dans les mois qui viennent. Les dernières ordonnances du gouvernement permettent aux entreprises de déroger au temps de travail et de repos. À cela s’ajoutent des déclarations politiques et patronales appelant à « l’effort des salariés » pour une reprise rapide de l’économie. Certes, la reprise économique est nécessaire, mais elle doit être progressive pour ne pas favoriser une deuxième vague du virus et concerner d’abord les secteurs répondant aux besoins essentiels de la population. Quant au dialogue social, son bon fonctionnement est une condition essentielle pour que la sécurité des travailleurs et leurs droits ne soient pas sacrifiés sur l’autel de profits immédiats.
Sur le plan politique, l’état d’urgence sanitaire proclamé par le gouvernement est-il indispensable à la protection des citoyens ? Rappelons ici le caractère exceptionnel de ces nouvelles limites aux libertés individuelles et collectives. Elles ne peuvent perdurer au-delà de la crise sanitaire.

La solidarité nationale et la santé gratuite pour tous ne sont pas des coûts mais des biens essentiels, des investissements vitaux pour faire fonctionner notre société de façon harmonieuse. Il faudra exiger de nos dirigeants qu’ils tirent les leçons de cette crise sanitaire et impulsent des politiques économiques et sociales volontaires pour contrer les assauts d’un libéralisme destructeur. Aux applaudissements du soir devront succéder des revendications fermes pour préserver notre sécurité sociale, renforcer nos services publics et revenir à plus de justice sociale. C’est un choix de société et une promesse d’avenir.

Paris, le 7/05/2020


Contact : Éric PÉRÈS – Secrétaire général – 06 66 52 06 06
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