[caption id="attachment_10200" align="alignleft" width="135"]Edito d'Eric Pérès Edito d'Eric Pérès[/caption]

Aujourd’hui, ces deux régimes sont confrontés à une dégradation continue de leur situation financière. En 2014, le résultat technique était déficitaire de 3 milliards d’euros à l’Arrco et de 2,5 milliards à l’Agirc. Les prévisions pour 2015 confirment une aggravation de la situation tout particulièrement pour l’Agirc, dont le déficit dépasserait les 3 milliards. D’ici 2020, le déficit cumulé des deux régimes avoisinerait les 8,2 milliards. À ce rythme, les réserves financières seront épuisées avant 2018 à l’Agirc et avant 2022 à l’Arrco. Pour autant, les régimes ne sont pas en faillite. Ils subissent de plein fouet les effets de la crise et des politiques d’austérité (chômage, destruction d’emploi, austérité salariale, baisse des cotisations..) ; plus de 7,5 milliards d’euros ont été « perdus » en trois ans du fait de la crise.

FO-Cadres n’ignore pas le défi majeur que représente la situation financière des régimes. Le retour à l’équilibre est de notre responsabilité comme de celle de l’ensemble des partenaires sociaux. C’est dans cet état d’esprit que la délégation FO a proposé des mesures justes et équilibrées. Parmi ces mesures, l’augmentation de la cotisation globale pour les deux régimes de 0,4%. Un effort partagé entre les salariés et les employeurs qui rapporterait près de 2,5 milliards de ressources pérennes pour l’Agirc-Arrco.

Mais les négociations se sont une nouvelle fois heurtées à la position dogmatique du MEDEF. En refusant toute nouvelle hausse de cotisation, le patronat persiste à faire porter l’essentiel des efforts sur les seuls salariés et retraités. Les mesures d’abattements temporaires qu’il propose sont l’exemple même des mesures injustes et déséquilibrées. Elles consistent à ce qu’un salarié pouvant prétendre à sa retraite de base à taux plein à 62 ans, attende 65 ans pour bénéficier de sa retraite complémentaire sans abattement.

Quant à la fusion des régimes Agirc-Arrco, proposition patronale soutenue par la CFDT, elle n’a jamais été pour notre organisation une fin en soi. Elle ne saurait d’ailleurs à elle seule résoudre les difficultés financières des régimes. Deux déficits n’ont jamais fait un excédent. Sans compter que les modalités et l’intérêt de cette fusion ne sont aujourd’hui ni clairement définies, ni démontrées pour envisager une éventuelle évolution dans l’intérêt de la pérennisation des régimes.

Le 16 octobre, rendez-vous est pris pour une nouvelle séance de négociations. FO y sera présente dans une logique d’accord. Elle y rappellera ses revendications pour garantir aux salariés une pension décente à l’abri de la spéculation financière. L’enjeu est capital ! À défaut d’accord, en plus de l’échec de la pérennisation des régimes, c’est la perte de la gestion paritaire au profit de celle de l’État qui se dessine. Il y a donc urgence à réagir !

Eric Pérès
Secrétaire général de FO-Cadres

 

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