Une prévalence marquée dans la population active
En France, 25 % des salariés se déclarent en mauvaise santé mentale. Les troubles psychiques touchent une personne sur cinq, selon Santé publique France. Plus encore, 18 % présentent des signes dépressifs et 26 % des signes anxieux. Chez les jeunes, ces proportions atteignent 21 % pour les épisodes dépressifs chez les 18-24 ans en 2021, contre 12 % en 2017. L’OCDE estimait dès 2015 qu’une personne sur deux connaîtrait un trouble psychique au cours de sa vie professionnelle.
L’impact se manifeste aussi dans les arrêts de travail : les troubles psychiques représentent un quart des arrêts de longue durée et 28 % des causes médicales de mise en invalidité. En 2023, 12 000 accidents du travail ont été associés à des risques psychosociaux. Depuis 2019, l’absentéisme a augmenté de 31 %, selon les données d’Axa.
Des facteurs de risque spécifiques selon les profils
Certains secteurs sont plus exposés que d’autres. L’hébergement, la restauration, et le médico-social affichent des taux supérieurs à 30 % de salariés en mauvaise santé mentale. Les agents de l’administration publique sont également fortement touchés. Les femmes jeunes, les salariés à temps partiel, les familles monoparentales et les personnes atteintes de maladies chroniques figurent parmi les publics les plus vulnérables.
Les dirigeants et les travailleurs indépendants ne sont pas épargnés. D’après une étude récente, 72 % des créateurs d’entreprise évaluent leur santé physique et mentale comme « mauvaise », une situation exacerbée par la solitude, l’instabilité financière et les crises successives.
Des dispositifs d’accompagnement encore trop peu connus
Parmi les personnes accompagnées par Cap emploi en 2020, 10 % présentaient un trouble psychique. Pourtant, seules 23 % des entreprises ont mis en place un plan de prévention spécifique en santé mentale, et 39 % des salariés n’ont accès à aucune mesure en ce sens. En parallèle, les entreprises qui adoptent une stratégie complète notent une amélioration de 26 % du bien-être mental de leurs salariés.
En 2023, plus de 13 000 personnes présentant un handicap psychique ont bénéficié d’un appui spécifique proposé par l’Agefiph, dont 10 % en emploi. Ces accompagnements personnalisés visent à adapter l’environnement de travail et les modes de compensation en lien avec les équipes de santé ou les employeurs.
Santé mentale et emploi : des approches diversifiées
Plusieurs structures contribuent au soutien des personnes atteintes de troubles psychiques dans leur insertion professionnelle. Les plateformes de réhabilitation psychosociale, comme Réhab’Paris Nord, associent un réseau de partenaires (France Travail, ESAT, entreprises…) pour proposer des parcours sur-mesure intégrant thérapies et remobilisation professionnelle. Deux job-coachs accompagnent chaque bénéficiaire dans son projet.
D'autres initiatives comme les Clubs House, présents dans plusieurs grandes villes françaises, proposent un accompagnement fondé sur la pair-aidance et l’activité collective non médicalisée. Ces structures permettent aux personnes vivant avec des troubles psychiques de retrouver un rythme, de s’impliquer dans des projets communs, et de préparer sereinement une réinsertion sociale et professionnelle, sans obligation de résultats ni contrainte thérapeutique.
Des leviers mobilisés dans le cadre de la Grande Cause Nationale
La reconnaissance de la santé mentale comme grande cause nationale en 2025 s’est accompagnée de quatre objectifs prioritaires : la déstigmatisation, le repérage précoce, l’accès aux soins et un accompagnement global incluant l’emploi. Le programme de secourisme en santé mentale (PSSM), déjà présent dans 30 pays, a permis de former plus de 186 000 secouristes en France.
Des entreprises comme Assystem témoignent d’une implication concrète à travers la mise en place d’accords sur la conciliation vie privée et professionnelle, de hotlines psychologiques ou encore de formations à la détection des signes de mal-être. La réglementation rappelle, via l’article L4121-1 du Code du travail, l’obligation de prévention et d’adaptation des organisations face à ces risques.
Santé mentale, chômage et jeunes générations : vigilance renforcée
Les données analysées dans l’étude confirment la double causalité entre santé mentale et chômage. Les expositions professionnelles antérieures aux risques psychosociaux ont des effets durables. À l’inverse, le chômage constitue un facteur de stress susceptible de déclencher ou d’aggraver des troubles.
Les jeunes sont particulièrement concernés : jusqu’à 50 % des 18-24 ans sont touchés. Les Missions Locales rapportent des difficultés d’accès aux soins psychiques pour ces publics. À ce titre, plusieurs initiatives, comme la mise en place de chargés de mission santé mentale ou des ateliers lors de la Semaine nationale des Missions Locales, ont été développées pour favoriser l’accès aux soins et la prévention.
Lien vers l’étude : urlr.me/sBePfV