Une technologie aux effets de plus en plus visibles sur le travail

L’Organisation internationale du travail (OIT) actualise en 2025 son indice global d’exposition des métiers à l’intelligence artificielle générative (GenAI), en intégrant les derniers progrès technologiques et une meilleure connaissance des outils par les utilisateurs. L’étude repose sur l’analyse de 29 753 tâches professionnelles recensées dans la classification polonaise des métiers à six chiffres, compatibles avec la nomenclature internationale ISCO-08. Ce corpus a été évalué par 1 640 actifs en Pologne, soit 52 558 jugements sur le potentiel d’automatisation des tâches, complétés par des scores d’experts et une modélisation via des IA comme GPT-4o et Gemini Flash 1.5.

Sur cette base, l’OIT estime que 25 % des emplois dans le monde se situent dans une profession comportant un certain degré d’exposition à l’IA générative. Ce chiffre correspond à une transformation progressive des tâches, plus qu’à une automatisation totale. Pour affiner ce diagnostic, l’étude propose une typologie en quatre gradients d’exposition, allant du niveau faible au niveau élevé.

Clerical, numérique, féminin : les zones les plus exposées

Les professions administratives présentent toujours le plus fort niveau d’exposition. L’étude confirme également une hausse notable du potentiel d’automatisation dans certaines fonctions hautement numérisées, comme celles des professionnels techniques. Le gradient le plus élevé d’exposition (niveau 4) concerne 3,3 % de l’emploi mondial. Il touche 4,7 % des femmes, contre 2,4 % des hommes. Dans les pays à revenu élevé, ces écarts se creusent : 9,6 % de l’emploi féminin se situe dans le gradient 4, contre 3,5 % de l’emploi masculin.

Les écarts sont tout aussi prononcés selon les pays. Dans les pays à revenu faible, 11 % des emplois présentent une exposition à la GenAI. Ce taux atteint 34 % dans les pays à revenu élevé, traduisant un lien entre degré de développement numérique et potentiel d’automatisation.

Un outil pour anticiper les mutations du travail

L’étude a également affiné la méthode employée dans la version 2023 de l’indice, en intégrant un ajustement par des experts du monde du travail et une confrontation entre les évaluations humaines et les prédictions algorithmiques. Cette approche hybride permet une modélisation plus réaliste du potentiel d’automatisation à l’échelle mondiale, sans se limiter à des contextes nationaux spécifiques.

En se concentrant exclusivement sur les outils d’intelligence artificielle générative – et non sur l’IA au sens large – ce travail entend répondre à un besoin croissant de suivi précis de cette technologie émergente. L’objectif affiché est de fournir un socle de données robuste pour nourrir le dialogue social, appuyer les réponses politiques et anticiper les transformations du travail à venir.

 

Lien vers l’étude de l’OIT (en anglais) : urlr.me/b7V5f4