Il prévoit un âge pivot de départ à 64 ans assorti d’un mécanisme de décote/surcote. Tout départ entre cet âge pivot et l’âge légal de départ à la retraite (62 ans) minore le montant de la pension de 5% par an. Une majoration du même ordre est prévue au-delà de 64 ans. Encore faut-il pouvoir rester en activité jusque-là. Ce qui n'est pas le cas. Plus de 40% des salariés sont sans emploi lors de leur départ en retraite. La réforme vise par ailleurs une diminution des pensions via la suppression des 25 meilleures années de salaires comme base de calcul pour la pension. Les salariés aux carrières discontinues, plus souvent des femmes, les salariés aux carrières ascen- dantes comme les cadres sans oublier les séniors dont les fins de carrière demeurent toujours plus difficiles et incertaines sont directement concernés.





Une réforme n’est ni bonne ni mauvaise en soit, sauf à la lumière des finalités poursuivies par ses promoteurs et des conséquences qui en découlent pour ses bénéficiaires. Autant dire que les salariés ont très vite compris le danger de la réforme proposée et la supercherie des explications pour la justifier (universalité et simplicité du système par points, plus solidaire et plus égalitaire face aux régimes spéciaux , déficit du régime, ...).

Sommes-nous pour autant inconscients du défi à relever ? Certainement pas. Le défi des retraites est une lourde responsabilité qui nous concerne tous. La détérioration relative du ratio de dépendance démographique est un défi transitoire qui ne justifie nullement le report systématique de l’âge de départ à la retraite et encore moins la diminution du niveau de pension... D’autres choix sont possibles parmi lesquels l’augmentation des ressources financières du régime. Quoi de plus logique pour couvrir la croissance des besoins de protection sociale ? D’autant que le déficit du régime n’est en rien structurel. Il est le résultat de l’échec des politiques d’emploi et des mesures d’austérité passées et actuelles. Une hausse proportionnée des cotisations est tout à fait envisageable. D’autant plus envisageable qu’elle s’accompagne d’une répartition plus juste des richesses par des politiques salariales plus dynamiques, une justice fiscale et une mise à plat des mesures d’exonérations sociales. Des options à rebours de la doxa libérale du pouvoir politique !

Alors faute d’être entendus et écoutés, nous devons agir collectivement pour défendre nos systèmes de retraites et refuser que les réformes soient synonymes de toujours plus d’injustice sociale et de précarité. C’est ce que les cadres et ingénieurs FO manifesteront avec force et conviction lors de la journée de mobilisation et de grèves du 5 décembre.

Eric PÉRÈS
secrétaire général FO-Cadres