Plus d’insécurité professionnelle et moins d’autonomie

Les jeunes salariés obtiennent un score d’insécurité professionnelle de 4,6, supérieur à celui des 30-49 ans. Ils anticipent davantage l’obligation de changer de métier ou de qualification dans les trois ans, et se disent moins capables d’exercer leur poste jusqu’à la retraite. Ces résultats traduisent une insertion encore fragile et des trajectoires professionnelles moins stabilisées. 

Le score de manque d’autonomie est lui aussi plus élevé. Les moins de 30 ans déclarent plus souvent devoir suivre strictement des consignes, répéter des tâches prescrites ou solliciter l’aide d’autres personnes en cas d’incident. En début de carrière, ils occupent des fonctions plus cadrées et disposent d’une marge de manœuvre réduite dans l’organisation de leurs activités. 

Une exposition accrue aux contraintes physiques

L’exposition aux contraintes physiques constitue l’un des points les plus différenciants. Les jeunes se trouvent plus fréquemment dans des situations impliquant port de charges lourdes, station debout prolongée, gestes pénibles ou contact avec des produits dangereux. Les écarts sont visibles entre catégories professionnelles : le score moyen atteint 6,2 chez les jeunes ouvriers et 4,0 chez les employés, contre 0,8 chez les jeunes cadres. 

Cette configuration s’explique en partie par leur surreprésentation dans les métiers les plus exigeants physiquement, notamment dans la logistique, la restauration, l’agriculture ou certains secteurs du soin. Avec l’avancée en âge, ces postes sont moins fréquemment occupés, en raison de mobilités ou de limitations physiques liées à la carrière. 

Des relations sociales plus favorables et moins de conflits de valeurs

L’étude souligne également plusieurs aspects plus positifs. Les jeunes se disent moins exposés aux conflits de valeurs, aux tensions hiérarchiques ou au manque de reconnaissance. Le score de « rapports sociaux dégradés » est plus faible de 0,6 point que celui des 30-49 ans, dont 0,4 point s’explique par leurs caractéristiques (notamment une ancienneté moindre dans l’établissement).

Ils déclarent aussi plus fréquemment disposer des moyens nécessaires pour bien travailler : temps suffisant, formation, informations ou appui des collègues. En matière de reconnaissance, ils estiment plus souvent que leurs efforts sont correctement évalués et que leurs perspectives d’évolution correspondent à leur engagement. 

Des écarts qui persistent même à caractéristiques comparables

L’analyse économétrique confirme que les différences ne s’expliquent qu’en partie par les caractéristiques individuelles ou les conditions d’emploi. En insécurité professionnelle, l’écart global est de 0,9 point, mais seules 0,1 point relèvent de facteurs mesurables comme le type de contrat ou le diplôme. Cela signifie que, même à situation comparable, les jeunes restent plus exposés. 

À l’inverse, les écarts favorables en matière de reconnaissance ou de rapports sociaux sont largement expliqués par leurs caractéristiques, notamment l’ancienneté : sur les 0,6 point d’écart concernant les rapports sociaux dégradés, 0,41 point proviennent de la différence d’ancienneté dans l’établissement. 

Des différences marquées selon le diplôme, le genre et la catégorie socioprofessionnelle

Plus le niveau de diplôme est élevé, moins les jeunes sont exposés aux contraintes physiques, au manque d’autonomie et aux contraintes horaires. À l’inverse, les exigences émotionnelles augmentent avec le niveau de qualification. 

Les écarts de genre sont également nets : les jeunes hommes subissent davantage de contraintes physiques, tandis que les jeunes femmes sont plus exposées à huit dimensions sur neuf, en particulier aux exigences émotionnelles. Les différences entre catégories professionnelles sont les plus marquées : les contraintes physiques et le manque d’autonomie concernent surtout les jeunes employés et ouvriers, alors que les jeunes cadres apparaissent moins exposés sur sept dimensions sur neuf. 

 

L’étude ici : https://urls.fr/h4Hqtc