Une transition progressive vers la retraite

Le taux d’emploi reste élevé entre 50 et 56 ans, dépassant 80 %, mais diminue nettement après cet âge : il passe en dessous de 60 % dès 61 ans et chute sous les 20 % à partir de 64 ans. Cette baisse s’explique par le passage progressif à la retraite. À 60 ans, environ une personne sur huit est déjà retraitée, et elles sont plus de trois sur quatre à 64 ans. Ainsi, au fil des années, les courbes d’emploi et de retraite se croisent, reflétant les différentes trajectoires de fin de carrière.

Entre 2014 et 2024, le taux d’emploi des 55-64 ans a gagné 12,4 points, pendant que la part de retraités diminuait de 11,7 points. La tendance est particulièrement marquée chez les 60-64 ans, où l’emploi progresse de 15,5 points, contre seulement 5,3 points pour les 65-69 ans.

Des écarts générationnels nets à âge égal

Les taux d’emploi varient également selon l’année de naissance. Ainsi, à 60, 61 ou 62 ans, les personnes nées en 1962 sont nettement plus souvent en emploi que celles nées en 1961. À 62 ans, l’écart atteint même 10 points. Ce glissement entre générations reflète une entrée plus tardive en retraite et un maintien plus long dans l’emploi.

Ce phénomène concerne autant les hommes que les femmes, mais avec une amplitude un peu plus marquée pour ces dernières : à 62 ans, l’écart intergénérationnel est de 13 points pour les femmes contre 6 pour les hommes. Cette évolution s’accompagne d’une hausse de la part des personnes ni en emploi ni en retraite à ces âges charnières.

Des disparités durables entre hommes et femmes

En 2024, les femmes de 55 à 64 ans affichent un taux d’emploi de 58,7 %, contre 62,1 % pour les hommes. Elles sont également plus nombreuses à travailler à temps partiel (32,6 % contre 10,7 %) et à être en situation de sous-emploi (6,4 % contre 2,2 %). Ce différentiel d’intensité d’emploi perdure quel que soit l’âge, mais s’accentue après 55 ans.

Le taux de chômage est légèrement plus bas chez les femmes seniors (5,1 % contre 5,3 % pour les hommes). Les hommes, en revanche, sont plus souvent déjà retraités à âge égal (25,4 % contre 21,5 %).

Un rattrapage partiel vis-à-vis de l’Union européenne

Malgré la progression observée, la France reste en retrait par rapport à ses voisins européens. Le taux d’emploi des 55-64 ans, à 60,4 %, demeure 4,8 points en dessous de la moyenne de l’Union européenne (65,2 %). L’écart est particulièrement marqué pour les 60-64 ans (–10,7 points), alors qu’il est positif pour les 55-59 ans (+1 point).

La France se classe au 17e rang sur 27 dans l’Union. Les taux d’emploi des femmes seniors françaises sont proches de la moyenne européenne (58,7 % contre 59,4 %), tandis que ceux des hommes sont plus éloignés (62,1 % contre 71,4 %).

Une situation de chômage contenue

Le taux de chômage des seniors s’établit à 5,2 % en 2024, en baisse de 0,2 point sur un an. Il reste inférieur à celui des 15-64 ans (7,5 %), et cette différence se maintient depuis 2003, bien qu’elle tende à se réduire (–2,3 points en 2024, contre –3,5 à –4 points dans les années 2000).

La baisse est particulièrement marquée chez les 55-59 ans, dont le taux de chômage a diminué de 2,8 points depuis 2015. Chez les 60-64 ans, le repli est plus modéré, avec 0,9 point sur neuf ans. À mesure que la part de seniors actifs diminue après 60 ans, le taux de chômage s’efface mécaniquement dans cette tranche d’âge.

L’étude de la DARES : urlr.me/gajpzx