Une retraite mieux anticipée, mais des inquiétudes toujours présentes
Deux ans après l'entrée en vigueur de la réforme des retraites, les cadres seniors semblent davantage informés sur leur avenir. Ainsi, 81% connaissent précisément l’âge auquel ils pourront prendre leur retraite (+7 points depuis septembre 2022), tandis que 68% d’entre eux estiment clairement le montant de leur future pension, soit une hausse significative de 14 points.
Cette meilleure visibilité semble réduire quelque peu les inquiétudes, avec une baisse de 3 points par rapport à septembre 2022, portant à 37% la proportion des cadres seniors préoccupés par leur fin de carrière. Par ailleurs, seuls 64% expriment le souhait de partir à la retraite dès que possible, contre 71% en février 2023.
Mobilité professionnelle perçue comme risquée par les seniors
Malgré ces progrès, la perspective de changer d’entreprise reste source d’appréhension pour une majorité de cadres seniors. Ainsi, 65% considèrent que changer d'employeur constitue un risque important, une perception beaucoup plus répandue que chez les cadres plus jeunes (45% pour les 35-54 ans).
De plus, 77% des seniors pensent qu’il leur serait difficile de retrouver un poste équivalent s’ils devaient quitter leur entreprise actuelle, contre 56% pour leurs collègues de 35 à 54 ans. Cette difficulté ressentie révèle une forte appréhension face à la mobilité professionnelle chez les cadres seniors.
Discrimination liée à l’âge : une réalité pour les seniors
Un tiers des cadres seniors (37%) affirme avoir déjà été pénalisé professionnellement à cause de leur âge. Parmi eux, 15% ressentent clairement cette discrimination, tandis que 22% évoquent une situation plus nuancée.
Ce sentiment de discrimination se manifeste notamment par des opportunités d’évolution professionnelle réduites, tant en interne qu’en externe, ce qui contribue à renforcer les inquiétudes des seniors quant à leur avenir professionnel.
Initiatives limitées des entreprises après la réforme des retraites
La réforme des retraites n’a pas significativement modifié les pratiques des entreprises en matière de politique RH envers les seniors. Seules les entreprises les plus grandes (250 salariés et plus) montrent un relatif engagement, bien que cela concerne moins d'une entreprise sur cinq.
En outre, seulement 15% des cadres seniors estiment que leur entreprise a réellement modifié sa politique RH depuis la réforme, signe d'un décalage notable entre les attentes des seniors et les actions effectivement menées par les entreprises.
Mesures en faveur des seniors : une application inégale selon la taille des entreprises
Dans les grandes entreprises, des mesures spécifiques existent déjà, telles que des actions en faveur de la santé, des aménagements de temps de travail ou encore des dispositifs de transmission de savoirs. Toutefois, ces initiatives demeurent limitées en ce qui concerne l'embauche directe des seniors ou leur accès à des formations spécifiques.
Ainsi, seulement 22% des grandes entreprises disposent d’une politique structurée d’embauche de seniors, tandis que 29% ont mis en place un plan de formation spécifique destiné à ces cadres expérimentés.
Faible notoriété de l’accord interprofessionnel chez les employeurs
Signé en novembre 2024 par les partenaires sociaux, l'Accord national interprofessionnel en faveur de l’emploi des salariés expérimentés reste relativement méconnu dans le monde professionnel. Seules 56% des grandes entreprises, 42% des PME et 36% des TPE déclarent en avoir entendu parler.
Cette méconnaissance générale risque de retarder l’application concrète de dispositions pourtant destinées à améliorer l’emploi des cadres seniors.
Lien vers l’étude : urlr.me/XPkRyC