Au cours des échanges, il est apparu que si les modifications des modes et conditions de travail sont et seront à l’avenir une conséquence majeure du dérèglement climatique, le travail et particulièrement l’industrialisation qu’a connu le travail depuis deux siècles est lui-même une cause de ce dérèglement. 

Pourtant, le travail est quasi-absent des débats lorsque l’on parle du climat, que ce soit pour invoquer sa part de responsabilité ou pour envisager les modifications qu’il est urgent de lui imposer afin d’avoir une chance de réussir la transition écologique.

Durant l’un des webinaires, un représentant du CESE est venu apporter les préconisations du rapport « Travail, santé, environnement : quels défis relever face au dérèglement climatique ? ». Concentrées en grande partie sur tous les enjeux du dialogue social, ces préconisations actent le fait il n’y aura pas d’adaptation ni de transition sans participation active des salariés. 

Le CESE porte une attention particulière sur l’utilisation des documents uniques (remplis par une moitié seule des entreprises françaises alors qu’il s’agit d’une obligation). Il propose ainsi une campagne nationale à destination des employeurs publics et privés sur le sujet, dans le but de les inciter à mettre en œuvre leurs obligations légales en matière de DUERP, conditionnant par ailleurs l’attribution et le maintien des aides et exonérations versés aux employeurs au respect de cette obligation.

Le CESE recommande également le décloisonnement des politiques de santé publique, de santé au travail et de santé-environnement au niveau national, le renforcement des droits à la formation des élus et mandatés dans toutes les instances de dialogue social concernées et  l’inscription de températures maximales dans le Code du Travail.

À l’issue des travaux du CESE, le groupe FO avait rendu un avis favorable à ce rapport, qui plaide pour une nouvelle réflexion autour de la santé au travail, s’inscrit dans une vision plus globale de la santé et donne une place importante à la prévention. Toutefois, FO a émis des réserves quant à la préconisation n°3, qui suggère de créer un fond de recherche alimenté par les excédents de la branche AT-MP.

La prise en compte des problématiques liées au dérèglement climatique est un enjeu majeur pour le monde du travail et une préoccupation de plus en plus marquée de la part des salariés. L’étude portant sur l’engagement syndical des cadres, réalisée dans le cadre de la convention conclue entre la Confédération FO/FO-Cadres et l’IRES en 2022, démontrait notamment que 30% des cadres adhérents de FO attendaient que leur organisation s’exprime davantage sur les problématiques écologiques.

Que l’on parle de modes de production du travail, d’organisation du travail ou de conditions de travail, il est donc désormais plus que temps de remettre le travail sur le devant de la scène ; sans quoi, la transition écologique restera un vain mot.