Un marché cadre à la fois stable et sous tension

L’économie sociale et solidaire représente 4,7 % des offres d’emploi cadre publiées au premier semestre 2025, soit près de 9 800 postes, un niveau stable malgré un recul de 13 % des besoins de recrutement depuis 2021. Plus de 340 000 cadres y travaillent aujourd’hui, soit 8,3 % des effectifs cadres du privé. 

Les associations concentrent deux tiers des offres, loin devant les mutuelles (13 %) et les coopératives (11 %). Les postes se situent majoritairement dans la santé-action sociale, l’enseignement et la formation, avec une forte présence en Île-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes. Les cadres de l’ESS exercent plus souvent des responsabilités hiérarchiques (47 % contre 39 % en moyenne), mais leurs rémunérations restent plus faibles.

Des cadres au cœur de la transition circulaire

La seconde étude, qualitative, s’intéresse aux parcours de six cadres engagés dans l’économie circulaire au sein d’entreprises de l’ESS. Ces structures, environ 4 200 en France, valorisent le réemploi, la réparation et la réduction des déchets. Les chefs de projet y jouent un rôle pivot : ils fédèrent collectivités, entreprises et citoyens autour de modèles économiques durables, tout en conciliant cadre réglementaire exigeant, viabilité économique et ancrage territorial. 

Leur travail s’inscrit dans un environnement marqué par des textes récents — loi AGEC, loi Climat et Résilience, plan national pour des achats durables — qui encouragent les pratiques vertueuses. Ces cadres, souvent issus de reconversions, incarnent la dimension opérationnelle de la transition écologique : gestion des flux, tri, reconditionnement, écoconception. Leur engagement est fort, leur reconnaissance encore faible.

Quand l’utilité sociale supplante la recherche de statut

 Les témoignages recueillis montrent des trajectoires de cadres ayant quitté des environnements jugés trop éloignés de leurs valeurs. Ils privilégient la cohérence entre leurs convictions personnelles et leur activité professionnelle, quitte à renoncer à une partie du confort salarial. Leur réussite se mesure moins à la rentabilité qu’à l’impact territorial et environnemental : réduction des déchets, inclusion de publics éloignés de l’emploi, création d’activités locales non délocalisables. 

L’Apec souligne que ces métiers, encore mal référencés dans les nomenclatures, traduisent une évolution de fond : les cadres de demain ne dirigeront pas seulement des équipes, ils piloteront des projets à finalité collective, au croisement de l’économie, de l’écologie et du social.

Les études :

urlr.me/MReATH 

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