Même si leur envie de changer de job ou d'entreprise est de plus en présente, les cadres ont toujours tendance à patienter avant de sauter le pas. C'est l'un des enseignements de l'étude Mobicadres, publiée le 1er juin 2015 par le cabinet Deloitte. En 2006, la durée moyenne sur un poste était de 3,6 ans. Elle est aujourd'hui de quatre ans. "Les cadres dirigeants ne confondent pas mobilité et versalité, constatent les auteurs de l'étude. Ils se montrent patients, voire prudents, avant de changer de poste." Dans les faits, 22% de cadres ont bougé en 2014, un chiffre stable par rapport à 2013. Mais pour la première fois depuis l'existence de ce baromètre, le nombre de ceux qui ont bougé en interne est équivalent à ceux qui ont changé d'entreprise. Certains vraisemblablement, rongent leur frein: les intentions de mobilité externe ont augmenté de trois points par rapport à l'année précédente.


Manque d'équité


Point saillant de l'étude, la différence entre hommes et femmes, ces dernières changeant plus volontiers d'employeur pour faire évoluer leur carrière. 58% d'entre elles ont ainsi quitté leur entreprise en 2014, contre 47% des hommes. Ceci pour pour des motifs qui tiennent sans doute moins à une témérité féminine plus prononcée qu'à la présence d'un plafond de verre qui se brise peu... "Ce différentiel est à la fois signe d'une prise de risque plus importante mais également d'une nécessité d'aller explorer de nouveaux horizons si elles souhaitent évoluer", souligne l'étude. Quand on demande s'"il y a des perspectives satisfaisantes d'évolution au sein de l'entreprise" elles ne sont que 59 % contre 67 % des hommes à répondre positivement. Côté rémunération, elles n'ont pas non plus de quoi se réjouir: les écarts entre elles et les hommes perdurent (elle perçoivent un salaire moyen inférieur de 19% ). 18% d'entre elles, contre 10% d'hommes, estime qu'il y a un manque d'équité interne au sein de leur entreprise.


Partir... ou rester ?



Signes des temps et du contexte économique peu favorable, les expatriés ont tendance à moins rechercher un poste en France quand ils souhaitent changer de job. Un sur deux choisit ainsi de rester dans son pays d'accueil dans le cadre d'une mobilité, ce qui représente une hausse de 11 points par rapport à 2013. De plus, si les jeunes cadres restent traditionnellement les plus mobiles (plus d'un tiers des moins de 35 ans ont changé d'entreprise ou de poste, soit 12 points de plus que la moyenne), les "40-44 ans" bougent de plus en plus (c'est le cas de 24 % d'entre eux, contre 22 % l'année précédente). Une manière d'aborder la seconde partie de carrière, avant de franchir le cap de la cinquantaine, au-delà duquel la mobilité s'amenuise (16% des "50-54 ans" ont bougé en 2014). La fin de carrière, elle, est de plus en plus synonyme de fidélité à son poste, hors ou dans l'entreprise, que l'on ne suppose pas toujours désirée. 12% seulement des cadres âgés de 55 ans et plus ont bougé en 2014, soit trois points de moins qu'en 2013.

Source : Dominique Perez à L'Express : Les femmes cadres changent plus souvent d'entreprise que les hommes - L'Express