Le Sénat a adopté en première lecture le 18 septembre le projet de loi sur l’égalité des femmes et des hommes. La mesure phare de cette loi est une réforme du congé parental dont l’objectif est d’inciter les pères à prendre part de manière plus importante à ce congé. Ainsi, à partir du 1er juillet 2014, les parents d’un seul enfant, qui ont aujourd’hui droit à six mois de congé parental, pourront prendre six mois de plus, à la condition que ce soit le second parent qui en soit bénéficiaire. Sur ce point, on ne peut qu’être favorable puisqu’il apporte des droits supplémentaires aux familles et peut être incitatif pour les pères.

C’est sur le second volet de la réforme que les gains en termes d’égalité sont moins mesurables. En effet, à partir de deux enfants, le congé parental, dont la durée est de trois ans, sera raccourci à deux ans et demi pour un parent, les six mois restants ne pouvant être pris que par l’autre parent. FO estime que ce projet supprime des droits aux femmes, donc aux familles, sans certitude que les pères prendront bien part au congé parental. Au passage, l’État fera tout de même une économie de 405 millions d’euros.

Des inégalités de salaires encore trop prégnantes

Aujourd’hui, le congé parental est à 97 % pris par les femmes. Cette situation n’est pas seulement l’effet d’un partage non équitable des rôles parentaux dans les familles. Avec 27 % de différences de salaires entre hommes et femmes, ce choix s’impose souvent pour des raisons économiques : c’est le parent qui gagne le moins - et donc la mère -  qui quitte son emploi. Aussi, pour que cette réforme ait un réel effet  incitatif auprès des pères, il faudrait déjà veiller à mieux valoriser les parcours professionnels des femmes en termes de salaires mais aussi en termes d’accès aux postes à forte valeur ajoutée.

Une valorisation excessive du présentéisme au travail

L’engagement des cadres au travail se définit encore aujourd’hui par une disponibilité totale à l’égard de l’entreprise. La motivation et l’implication sont mesurées à l’aune du capital temps que les cadres concèdent à l’entreprise. Avec l’arrivée des enfants, le temps d’engagement des parents dans la sphère privée augmente et interfère sur le temps en entreprise. Cette situation est alors perçue comme un désengagement professionnel.

Aussi, même si la « nouvelle génération » de pères a aujourd’hui les mêmes attentes que les mères sur leur parentalité, ils doivent se confronter à des représentations archaïques de leur entreprise qui les obligent à choisir entre carrière et parentalité.

Une gestion des parcours professionnels à revoir

Pour FO-Cadres, il est urgent de redéfinir les politiques d’évaluation et de valorisation salariale. La disponibilité totale ne doit plus être un critère de performance. D’autres indicateurs, plus centrés sur l’atteinte d’objectifs doivent être privilégiés. Plus encore, une politique volontariste visant à limiter les horaires de travail sans fin ou les réunions tardives permettrait aux cadres ayant des responsabilités parentales de ne pas être évincés des postes à responsabilités.

Ce n’est qu’à ce prix là que les inégalités salariales pourront disparaitre et qu’une répartition égalitaire des rôles parentaux se mettra en place dans les familles.

 

Pour en savoir plus :

www.force-ouvriere.fr

Fiche revendicative FO-Cadres : Encadrer les politiques de rémunération