Selon Jean-Marie Marx, Directeur Général de l’Association, « le marché de l’emploi des cadres devrait être stable en 2014 selon les résultats de notre modèle économétrique. Cette stabilité des recrutements par rapport à 2013 est notamment à mettre en lien avec une croissance économique modeste et une grande prudence des entreprises. Il faudra attendre 2015 et surtout 2016 pour retrouver un potentiel de reprise, et les niveaux d’embauches d’avant crise, proches de ceux observés en 2008.

Les jeunes issus de l’enseignement supérieur et les séniors auront davantage de difficultés sur un marché qui va rester favorable aux cadres ayant de 1 à 15 ans d’expérience. Dans ce contexte, les cadres, qu’ils soient débutants ou confirmés, sollicitent l’appui de professionnels, et nous répondons à cette demande en renforçant nos services ».

En 2009, l’Apec a élaboré un modèle économétrique qui permet de conduire des prévisions de recrutements de cadres à l’horizon 2016, et apporte un éclairage fiable sur la tendance la plus probable. Ce modèle met en évidence la relation étroite existant entre, d’une part, les recrutements de cadres, et d’autre part, les investissements, la croissance et les départs à la retraite de cadres en poste. Le scénario retenu par l’Apec est celui d’une « reprise économique modérée ». Six ans après le déclenchement de la crise financière qui s’est muée en récession, une reprise économique franche et durable n’est toujours pas d’actualité en France. Le PIB pourrait connaitre, selon l’Insee (Note de conjoncture, Juin 2014) une faible progression n’excédant pas les 0,7 % en 2014, après une année 2013 caractérisée par une croissance étale et des moteurs économiques à l’arrêt. Cette stagnation du PIB observée notamment au premier trimestre 2014 (+0,4 %), est à mettre en lien d’une part avec des dépenses de consommation des ménages en retrait et, d’autre part avec une contraction du commerce international. Le rebond économique attendu à mi-année devrait être limité par des facteurs persistants. Même si le pouvoir d’achat des ménages se rehaussait, cette amélioration ne devrait pas se traduire par un rebond important de la consommation des ménages.

Du côté des entreprises, face à une demande anémiée et à des taux de marge qui demeurent très bas, leur propension à investir ne devrait pas s’améliorer. Enfin, le rebond attendu du commerce mondial ne devrait pas profiter pleinement aux exportations françaises toujours pénalisées par l’appréciation de l’euro, même si la reprise qui s’amorce chez plusieurs partenaires commerciaux européens de la France pourrait avoir des effets positifs.

Toutefois la pause annoncée en matière d’assainissement budgétaire (en lien avec le délai accordé à la France par la Commission européenne pour ramener son déficit public à 3 % du PIB) pourrait permettre de retrouver un chemin de croissance modérée.

En outre, le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE) pourrait donner sa pleine mesure en 2015 et permettre de réenclencher une phase de reprise de l’investissement qui peut s’apparenter à un processus de rattrapage, après deux années de stagnation ou de recul. En effet, les entreprises ont la nécessité impérieuse de renouveler leur appareil productif pour rester compétitives.

Ce nouveau cycle d’investissement pourrait constituer le socle d’une croissance certes modérée mais durable. D’autant que le retour d’une croissance progressive, liée à la demande extérieure européenne et à l’investissement, serait  de nature à restaurer la confiance des ménages durement entamée au premier trimestre 2014 durant lequel les dépenses de consommation des ménages ont reculé (-0,5 %).

Le PIB pourrait ainsi progresser de 0,7 % en 2014, de 1,5 % en 2015 et de 1,7% à l’horizon de cette prévision. Après une nouvelle baisse prévisible en 2014 (en lien avec des dépenses d’investissement en logement des ménages en forte chute), l’investissement pourrait rebondir en 2015 (+2,5 %) et croître plus fortement en 2016 (+3,3%) et apporter une contribution décisive à une reprise même modérée.

Il n’en demeure pas moins que toutes les hypothèques pesant sur cette reprise modérée sont loin d’être levées. La résorption des déficits, toujours d’actualité, fait peser une épée de Damoclès sur la croissance et pourrait rebattre les cartes des prévisions notamment pour 2015. D’autres aléas conjoncturels existent : les tendances déflationnistes vont- elles persister ? Les ménages vont-ils reconstituer une épargne de précaution ? Comment les entreprises vont-elles réagir aux nouvelles mesures gouvernementales ? Autant d’incertitudes qui brouillent les pistes.

Sur le front de l’emploi, il semble difficile d’anticiper une amélioration. Les entreprises disposant de réserves de productivité et toujours préoccupées par le redressement de leur taux de marge ne devraient pas, à court terme, recruter massivement. Ainsi, selon l’Insee, l’emploi dans le secteur marchand pourrait reculer en 2014 (-22 000 postes) alors que dans la sphère non marchande 60 000 postes pourraient être créés grâce aux emplois d’avenir. Au total 56 000 emplois pourraient être créés mais cela s’avèrerait insuffisant pour absorber la hausse de la population active (+ 124 000 en 2014). Le taux de chômage pourrait atteindre les 9,8 % en France métropolitaine en 2014. Le retour d’une croissance durable mais modérée serait encore insuffisante pour améliorer de façon prégnante la situation du marché du travail. Seraient particulièrement concernés les séniors en recherche d’emploi, davantage touchés que les autres par la hausse du chômage et particulièrement le chômage de longue durée. Ils connaîtraient encore de grandes difficultés pour un retour à l’emploi. Ainsi, la part des cadres en poste dans l’ensemble des départs à la retraite devrait fléchir en 2014 (48 %) puis se stabiliser à partir de 2016

En 2014, le nombre de recrutements de cadres serait stable, à un peu plus de 163 000.

Cette estimation correspond à la fourchette basse des prévisions recueillies auprès des entreprises fin 2013 dans le cadre de l’enquête annuelle de l’Apec (de 163 500 à 171 200). La conjoncture moins favorable qu’escomptée en début d’année explique ce résultat, indépendamment de la mise en conformité de l’Insee avec le système européen de comptes (SEC) et le passage en base 2010 des comptes nationaux. C’est particulièrement le cas pour la FBCF qui pourrait finalement reculer de 1,2%.

La baisse de la FBCF enregistrée en 2013 (la première depuis 2009, à -0,8 %) se confirmerait donc en 2014 et contrecarrerait ainsi les effets de la légère hausse de la croissance. Le lien organique entre investissement et emploi cadre entraînerait alors la stagnation des embauches.

Par la suite, la reprise de l’investissement en 2015 combinée à une croissance deux fois plus forte se confirmerait en 2016. Cela se traduirait par une hausse significative des recrutements de cadres, permettant d’approcher en 2016 les niveaux d’avant la crise de 2008. La tendance de long terme serait alors nettement débordée.

Source : communiqué de presse Apec du 4 juillet 2014.

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