[caption id="attachment_8310" align="alignleft" width="99" caption="Vincent Cohas, directeur du CESI"]Vincent Cohas, directeur du CESI[/caption]

Pouvez-vous présenter le CESI à nos lecteurs ?

Vincent Cohas : Le Cesi a été créé en 1958 par de grandes entreprises industrielles  pour former des ingénieurs par la formation continue. Ainsi, depuis son origine, le Cesi porte dans ses gènes un lien très fort avec les entreprises, une dimension affirmée de promotion sociale et une démarche pédagogique fondée sur l’acquisition de compétences.
Aujourd’hui, le Cesi présente un certain nombre de spécificités :
- une gouvernance paritaire qui est garante des missions du Cesi et lui confère ses dimensions sociale et sociétale ;
- c’est un organisme qui est présent dans deux mondes qui souvent s’ignorent, avec la formation continue d’une part et l’enseignement supérieur d’autre part
- enfin, il exploite un portefeuille de cinq marques sans équivalent sur le marché, avec des produits et des services qui s’adressent à des publics très diversifiés, accessibles via toute la gamme des financements existants.

Cette largeur de gamme, cette diversité de produits et une  grande accessibilité se déclinent  avec un seul positionnement stratégique, reposant sur 3 composantes clés :
- une dimension diplômante, qualifiante, certifiante,
- un investissement très fort sur les enjeux d’accompagnement et de professionnalisation,
- un réseau de 21 centres implantés sur l’ensemble du territoire, proches des régions, des clients et des entreprises, en mesure de traiter les problématiques formation des PME comme des grands comptes.

Si vous avez l’occasion de visiter un campus du Cesi, vous rencontrerez  aussi bien des jeunes que des adultes, des informaticiens, des ingénieurs en formation comme des stagiaires en ressources humaines ou en qualité-sécurité-environnement. Et du côté du corps enseignant du Cesi, aussi bien des formateurs salariés qui vont piloter des promotions dans une logique professionnalisante, que des enseignants chercheurs ou des intervenants en activité en entreprise.

Enfin, le Cesi investit fortement sur la recherche et l’innovation. Cet esprit d’innovation est un ingrédient majeur du développement du Cesi, qui a souvent fait figure de pionnier. A titre d’exemple, en 1989 il a été le premier à lancer les formations d’ingénieurs par l’apprentissage. Imaginer à l’époque associer apprentissage et ingénieur, il y a plus de 20 ans, était vraiment audacieux et supposait une vision et un caractère extrêmement affirmés. Nous sommes aujourd’hui leader de l’alternance dans l’enseignement supérieur et reconnus comme référent sur les pédagogies de l’alternance.

 

Quelles sont les priorités du CESI en matière de formation pour les ingénieurs ?

VCS : L’Ei-Cesi, l’école d’ingénieur du Cesi, présente plusieurs caractéristiques singulières :

- Son volume de diplômés : 1633 ingénieurs et mastériens diplômés en 2013, et 22 720 diplômés en activité depuis sa création ;
- Les deux tiers des formations d’ingénieurs du Cesi  se font par la voie de l’apprentissage et un tiers  en formation continue  ;
- Une offre diplômante riche (5 diplômes d’ingénieurs et 12 Mastères Spécialisés), répondant pour les premiers aux exigences de la Commission des Titres d’Ingénieurs (CTI) et pour les seconds à celles de la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) ;
- Une école multi-centres couvrant l’ensemble du territoire, implantée aussi  à La Réunion et en Algérie.

Les priorités d’aujourd’hui en matière de formation d’ingénieurs sont, dans un contexte financier général défavorable, de continuer à concilier ouverture sociale et excellence, grâce notamment à nos capacités d’innovation pédagogique.
Nous souhaitons également développer le titre d’ingénieur dans les domaines informatique et numérique.
Enfin, nous investissons pour consolider notre rayonnement et nos échanges à l’échelle internationale.

 

Quelle est votre analyse de la réforme sur la formation professionnelle ‎au regard des missions du CESI ? 

VCS : Il s’agit d’une réforme profonde qui va impacter l’ensemble de nos activités  (plan de formation, professionnalisation, apprentissage) et qui va surtout profondément transformer les modes de financement du secteur.
L’arrêt du « 0,9% » ne nous inquiète pas particulièrement dans la mesure où les entreprises qui travaillent avec nous actuellement le font déjà dans une logique d’investissement sur les compétences de leurs salariés et souvent pour les grands comptes au-delà de leurs obligations légales.
Dans la réforme précédente, contrairement à nombre d’organismes de formation, nous n’avions pas réalisé de catalogue DIF. Le CPF nous semble aujourd’hui plus porteur et mieux correspondre à notre dimension diplômante et qualifiante, ainsi qu’à nos capacités d’ingénierie pédagogique et financière.
Enfin, le rôle accru des conseils régionaux, notamment sur l’apprentissage, est justifié par l’importance de la dimension territoriale dans les enjeux de la formation professionnelle et là aussi, la réforme correspond bien à notre organisation décentralisée.

Quelques points de vigilance tout de même : Ils portent essentiellement sur les risques au regard de l’apprentissage dans le supérieurIl faut absolument que les acteurs se mobilisent pour l’apprentissage, y compris notamment dans le supérieur, car on ne peut pas déconnecter durablement les enjeux de l’emploi et ceux de l’intégration des compétences dans les  entreprises. A ce titre, je constate un décalage curieux entre les discours des pouvoirs publics sur l’apprentissage  avec d’un côté une ambition affichée et de l’autre des mesures prises qui vont dans le sens opposé. J’ajoute que l’apprentissage doit rester par nature un sujet de l’entreprise et être de plus en plus considéré par les entrepreneurs comme une modalité de recrutement à part entière.

Enfin, comme à chaque nouvelle réforme, je suis inquiet de la complexité des dispositifs, qui ne sont compris que par les initiés, et d’une forme d’attentisme qui risque d’être préjudiciable à l’activité.

 

Comment le CESI peut-il répondre aux enjeux de sécurisation ‎des parcours professionnels ? Avec quels autres acteurs ? 

VCS : La formation est un moyen et le Cesi se positionne comme un acteur responsable qui, avec ses ressources et en s’appuyant de plus en plus sur des partenariats, souhaite jouer à la fois sur les projets professionnels des personnes, leur montée en compétences et la sécurisation de leur parcours professionnel, ainsi que bien sûr sur les enjeux de compétitivité des entreprises.

Au-delà de ses relations naturelles  avec les financeurs, les branches, les régions, le Cesi n’a cessé de développer, ces dernières années,  des partenariats académiques avec des écoles et universités,  tant en France ( CNAM, Arts et Métiers Paris Tech, INSA, ICAM, Sciences Po, Université Paul Sabatier de Toulouse, de Valencienne, de La Réunion …) qu’à l’international, également dans le cadre de ses activités de recherche (UQAM au Québec, Portsmouth et Southampton en Grande Bretagne, Aalborg au Danemark,  Little Rock aux USA …).

Mais nous nouons également des relations étroites avec d’autres acteurs qui nous  semblent proches de nos valeurs et dont les services sont complémentaires aux nôtres. Parmi nos partenariats les plus récents, je citerai :
- l’APEC, dont nous souhaitons nous associer les grands savoir-faire en termes d’études et prospectives d’une part et d’outils d’accompagnement d’autre part ;
- de grandes entreprises internationales, telle que CISCO avec qui nous travaillons actuellement sur un projet de création d’une chaire en lien avec notre nouveau laboratoire de recherche LUSINE (Laboratoire des usages informatiques  et numériques de l’entreprise) ;
- ou encore IPSOS, avec qui nous menons régulièrement des enquêtes croisées (auprès des dirigeants/salariés d’entreprises) dans le cadre de notre « Observatoire Social de l’Entreprise ».

 

Site web du CESI.